Roxanne Lacourcière

Être un corps

Photo : instants.info

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Avons-nous simplement un corps ou est-ce que nous sommes un corps? J'ai longtemps réfléchi sur la finalité du corps, celui que nous trimballons comme un boulet, ce corps qui trahit, vieillit et nous renvoie sans cesse à nos limites. Celui que nous modelons sans vraiment le vivre. J'ai construit et déconstruit les apparences sans chercher à aller au-delà et sans vraiment trouver l'essence de ce que je voulais réellement montrer. Puis j'ai eu un déclic en écoutant cet échange dans ma télévision:


Ali Pfefferman: Ça ne m'est jamais venu à l'esprit de garder mon soutif. Pour moi c'est une première tu comprends? Le sexe sans nichons... Ouais pourquoi pas? Je veux bien essayer, mais c'est quoi la symbolique? Quand est-ce que tu t'es dit que tu voulais restée habillée? Quand tu as pris la décision de ne pas enlever ton t-shirt lorsque tu t'envoyais en l'air?
Femme: Dans des moments comme celui-ci, quand tu as envie d'explorer, le droit à l'erreur, l'aventure.
Ali Pfefferman: Explique-moi, avec ta partenaire, tu es qui? Tu fais toujours l'homme? Le mec qui baise la nana?
Femme: Je suis un être humain avant tout. Je veux être un corps tout simplement. On peux faire ce que font les corps.
Ali Pfefferman: Et que font les corps?
Femme: Ils s'enlacent et se donnent du plaisir.

Transparent, série télévisée de Jill Soloway, 2014-2019


Ces oeuvres, voilà ce qu'elles reflètent: avoir la possibilité d'être un humain, un corps, de vivre en faisant fit de l'apparence, du sexe, du genre, des origines, etc. Simplement sentir et vivre pleinement les sensations. Fermer les yeux, laisser courir les frissons, les envies, les désirs, se laisser envahir.

Laisser le corps être ce qu'il est, le lieu de notre vulnérabilité. Arrêter de lutter pour le sublimer et donner une illusion de ce qu'il n'est pas et simplement le vivre, sans finitude.
Ne pas avoir de corps, en être un, tout simplement.

Photo : instants.info

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Née à Shawinigan, Roxanne Lacourcière est passionnée d’arts depuis toujours. Très jeune, elle prend des cours de dessins à la bibliothèque municipale, avant de se tourner vers la peinture.
Jeune adulte, elle plonge complètement dans sa passion en complétant un DEC en communication, arts et littérature, suivi d’un baccalauréat en arts plastiques à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Puis, elle réfléchit et approfondit ses connaissances sur le féminisme pour peaufiner son art à la maîtrise en arts visuels de l’Université Laval.
Avant même de terminer ses études, elle a déjà la fibre entrepreneuriale, elle rêve d’une boutique où elle pourrait penser, fabriquer et vendre ses créations. Si elle commence par travailler le bois, comme elle a si souvent  vu son père le faire, le naturel la rattrape au galop, elle ne peut pas le nier, ses recherches sur les femmes font partie intégrante de ce qu’elle est et elles se ressentent dans son travail.
C’est enfin en 2016, qu’elle fonde Les Chinoiseries, compagnie au travers laquelle elle laisse libre cours à l’imagerie qu’on lui connait derrière ses petits coups de pinceaux et ses broderies contemporaines.

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