Hélène Vallée

Second Égard sur Jean-Jules Soucy

exposition de photographies

présentée en août 2021

à la Librairie Poirier

Photo : instants.info

Photo : instants.info

La troisième édition d’Interzone, en 2020, nous a permis de se délecter de « Fou rire confiné » cette oeuvre inédite et pandémiquement créée sur mesure pour l’évènement.

Faut cesser de mettre l’A…H dans le pouvoir d’H…A, elle y est déjà.

Faut cesser de mettre la hache dans le pouvoir d’achat, elle y est déjà.

A et H vus de l’extérieur, l’effet miroir les transforme en éclats de rire HA… HA… une fois à l’intérieur. D’où le titre : « Fou rire confiné ». Il est là mais pogné à l’intérieur, comme nous.

Entre la création et l’oeuvre devant nous!

L’art ne peut être confiné puisqu’il fait fi des obstacles et frontières.

« Fou rire confiné » et ses AH AH ont quitté La Baie, destination Shawinigan, à près de 400 kilomètres de son lieu de naissance. Malgré la pandémie, rien n’a pu l’empêcher de trouver refuge dans les vitrines de trois locaux de la 5e rue de la Pointe : local inoccupé, boulangerie Tous les jours dimanche, librairie Poirier.

En tant que public, nous admirons l’accomplissement d’une métamorphose mais, bien avant que nous puissions apprécier le travail d’un.e artiste, il y a un monde…

Le processus de création naît avec des idées brutes. Puis l’exploration et la perception engendrent une cogitation qui peut durer des jours, semaines, mois et parfois même des années. Ces étapes pendant lesquelles se greffent notes - ébauches - croquis - esquisses, le tout parsemé de doutes, joies, incertitudes et satisfactions avant que ne jaillisse cette finalité… l’essence fondamentale de la création.

L’accès aux coulisses ne nous est pas permis. De là l’importance de documenter certaines étapes de l’installation, une fois l’oeuvre complétée. Ces archives reflètent donc une infime portion de sa dynamique.

Nous ne percevons son cheminement qu’au fil d’arrivée.

Dans le contexte archivistique, j’ai décidé de farfouiller un peu plus longuement avant de présenter cette exposition… en me rendant chez Jean-Jules Soucy. Je propose donc un panorama de La Baie des Ha! Ha! et le portrait de l’artiste ajoutés aux photographies déjà existantes de l’installation. Cette belle rencontre constitue donc un moment de réjouissance post-pandémique lié au juste retour du balancier.

Jean-Jules Soucy est originaire du Saguenay, plus précisément de La Baie des Ha! Ha! Lieu de naissance de prédilection car cet artiste a réussi à faire rire, s’émerveiller et… réfléchir plus d’un.

Il a pratiqué la récupération et le recyclage bien avant que les bacs bleus ne fassent leur apparition dans nos vies. Pour ne nommer que quelques-unes de ses réalisations, au Musée d'art contemporain de Montréal en 1993, sa vive intelligence et son grand talent l’ont amené à créer, une pinte de lait à la fois, le magnifique Tapis Stressé : L’Oeuvre pinte, composée de 60 000 contenants recyclés.

En juillet 1996, le catastrophique déluge au Saguenay eut lieu. Afin de commémorer cet événement marquant, en 1997-1998, Jean-Jules s’est servi de 3000 panneaux routiers ‘‘Cédez le passage’’ afin de créer La Pyramide des Ha! Ha! mesurant 21 mètres de hauteur. Elle reste encore aujourd’hui, un lieu à visiter au Québec.

Jean-Jules Soucy, habile ventriloque des concepts, mots, objets, idées et non-dits… exprimés.

Lors de son parcours, il aura ajouté aux mots des lettres de noblesse, sculpté des expressions avec le burin de son humour, forgé la matière afin qu’elle se plie à son insatiable imagination et réussi à inviter les spectateurs dans des cercles peu connus, des carrés intersectionnels et des triangles aux sommets.

Ne se prend pas au sérieux qui veut! Calembours & Ironie demeureront toujours des atouts très précieux. Pour ce qui est de tout le reste, on en reparlera peut-être hier, aujourd’hui, demain ou même jamais…


Petits clins d’oeil amicalement recyclables à Jean-Jules Soucy!

Les cadres de Second Égard sur Jean-Jules Soucy ont été recyclés et gracieusement offerts par Louise Paillé qui les a utilisés, en 1990, pour son expo Le paradis perdu au Musée des sciences d’Ottawa.

Roger Gaudreau et Marielle Lachance ont, quant à eux, intégré HA HA & AH AH dans La constellation des abeilles, installation créée pour l’événement Interzone - Shawinigan - 2021.

Photo : instants.info

Photo : instants.info

Née à Shawinigan en 1957, je me suis promenée à maintes reprises entre ici et ailleurs. Parcours éclectique, parsemé de différentes formes d’expression pour, un jour, en venir à la photographie. Elle m’a séduite avec ses moments impromptus, tous ces arrêts qu’elle impose pour permettre la découverte de ce qui se cache derrière les façades et facettes de ce qui vit et même celles… de l’inertie.

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